L’Origine du Style

Des fouilles archéologiques témoignent de l’existence, dès la Préhistoire et la Haute Antiquité, de techniques guerrières utilisées par les anciens Vietnamiens. Ces techniques commencèrent véritablement à s’affiner et à se développer pendant la dynastie des Hùng Vương qui régna sur le Văn-Lang (royaume de l’ancien Việt-nam) du VIIe au IIIe siècle av. J.-C. L’empereur Hùng Vương Ier est d’ailleurs considéré comme étant le créateur des arts martiaux par de nombreuses écoles qui, chaque année, lui rendent hommage à ce titre.

À cette époque, l’étude des arts martiaux était surtout fondée sur l’apprentissage des techniques d’armes blanches comme la hache, le poignard, la lance, etc. De nombreuses légendes relatives à cette période racontent les exploits de personnages rendus célèbres grâce à leurs armes.

Devant l’imminence de l’invasion chinoise, la formation militaire du peuple vietnamien et la construction d’ouvrages fortifiés ne firent que s’accélérer. Mais au-delà des seules techniques de combat, on assista également à l’émergence des premières théories définissant l’utilisation stratégique et tactique de l’art guerrier, tant pour l’armée (combat de groupe) que pour la pratique individuelle. Ces théories donnèrent d’ailleurs naissance à de nouvelles techniques, encore plus riches, dont certaines constituent la racine des formes travaillées aujourd’hui.

Certains novateurs utilisèrent contre les guerriers chinois des techniques fondées sur la supériorité des techniques rapprochées, la méthode des esquives sans résistance ou encore de l’utilisation de la souplesse contre la force. Tout cela lors d’une longue lutte durant laquelle les Vietnamiens développèrent la pratique de la guérilla face à la puissance militaire des envahisseurs.

Cependant, la présence chinoise au Việt-nam devait durer près de mille ans (de 111 av. J.-C. à 938 ap. J.-C.), dix siècles pendant lesquels la culture, l’organisation et la philosophie chinoise allaient marquer durablement le peuple vietnamien sans pour cela réussir à lui enlever son originalité. Organisé « à la chinoise », le Việt-nam conserve farouchement et sauvegarde sa propre culture ancestrale ainsi que ses traditions martiales qui se perpétuèrent dans le secret. Aussi, de puissants soulèvements purent-ils avoir lieu montrant que le peuple vietnamien prenait peu à peu conscience de sa nationalité et de sa volonté d’indépendance.

Au VIe siècle ap. J.-C., cinq experts en art martial décidèrent de créer une école secrète qui formerait des guerriers qui, par la suite, entraîneraient des groupes de personnes pour préparer la révolution.

Mais il y eut là un problème. Chacun de ces cinq maîtres pratiquait un art martial différent. Très fiers, ils voulaient que les élèves apprennent l’art qui leur était propre, ce qui fut impossible à faire. Alors ces maîtres décidèrent de réunir toutes leurs connaissances et créèrent l’art martial « Thần Long Thiên Ðại Hổ ».

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Pour éviter un malentendu ou la tentation de montrer sa propre technique aux élèves, ils enseignèrent cet art à un seul homme Trung Tâm Phong qui par la suite le retransmit à son petit groupe d’élèves du peuple Giao Chỉ (autre nom de l’ancien Việt-nam). L’entraînement se passa merveilleusement bien. Les élèves travaillèrent avec beaucoup de courage et créèrent ainsi la première école secrète.

Mais, parmi ces élèves, il y avait un traître qui, pour un peu d’argent, a vendu son peuple à l’armée chinoise pendant que son maître descendait au village pour recruter de nouveaux disciples. Il était venu avec un groupe de gardes impériaux accompagnés d’experts en arts martiaux de l’armée chinoise dans le but de détruire cette école et d’exterminer tous les pratiquants. À son retour le maître vit de la fumée au loin et il s’y précipita mais il était déjà trop tard. Les 126 élèves et les 5 vieux maîtres qui n’avaient plus la force de combattre furent tous tués. L’école était devenue un tas de cendres.

Suite à cet évènement, l’armée chinoise offrit une récompense à celui ou ceux qui ramèneraient la tête du maître Trung Tâm Phong, mais personne n’y parvint. En voyant tant de morts, le maître renonça à former des guerriers et attaqua lui-même l’armée chinoise en tuant un par un ses généraux. Un beau jour, le maître rencontra une femme avec qui il fonda une famille. De là, ses descendants l’aidèrent à combattre ses ennemis. À sa mort, ils continuèrent sa mission dans le plus grand secret. En l’an 938, un guerrier, Ngô Quyền, chassa l’envahisseur chinois et fonda un État indépendant. C’est alors que la mission des descendants de Trung Tâm Phong arriva à son terme.

Le pays s’organise et devient, sous la dynastie des Lý, le Ðại Việt. Les arts martiaux sortent enfin de l’ombre et vont participer à l’éducation du peuple vietnamien auquel ses dirigeants veulent insuffler un sentiment d’unité nationale.

Et pourtant l’art martial « Thần Long Thiên Ðại Hổ » est resté secrètement un art de famille jusqu’en 1980. Maître Trung Tâm Lương enseigna cet art à son premier disciple Maître Matt Tambi, né le 23 février 1969 à Phuochaï (Việt-nam), issu d’une longue lignée de combattants.

Maître Matt TAMBI